Frank, tu venais t'asseoir au paisible foyer,Raconter tes chagrins, sinon les oublier.Tous deux sans espérance, et dans la solitude,Enfants, vous vous aimiez, et bientôt l'habitudeTous les jours, malgré toi, t'enseigna ce chemin ;
Car l'habitude est tout au pauvre coeur humain. J'ai tout perdu.
LA VOIX. LA JEUNE FILLE.
J'ai cueilli sur ma route un bouquet d'églantine ;
Le voilà, si tu veux, pour te porter bonheur. Le soleil paraît ; Frank s'éveille ; Stranio, jeune palatin, et sa maîtresse, Monna Belcolore, passent à cheval. FRANK.
Belle comme un soleil. Il est deux routes dans la vie :L'une solitaire et fleurie,Qui descend sa pente chérieSans se plaindre et sans soupirer.Le passant la remarque à peine,
Comme le ruisseau de la plaine,Que le sable de la fontaineNe fait pas même murmurer.L'autre, comme un torrent sans digue,Dans une éternelle fatigue,
Sous les pieds de l'enfant prodigueRoule la pierre d'Ixion.L'une est bornée et l'autre immense ;L'une meurt où l'autre commence ;La première est la patience,
La seconde est l'ambition. Et fait tomber en poudre aux pieds de la rosièreLa robe d'innocence et de virginité ! Et quand tout sera dit, - quand la triste demeure
De ce malheureux Frank, de ce vil mendiant,Sera tombée en poudre et dispersée au vent,Lui, que deviendra-t-il ?
Quand l'univers devrait s'en aller en fumée,Tonnerre et sang ! Ma mère, savez-vous, était désespérée.Mais vous pensiez à nous quand vous aviez le temps ? Il sera temps qu'il meure ! L'OFFICIER.
Si Charle eut des défauts, ne troublons pas sa cendre.Sont-ce de tels témoins qu'il nous convient d'entendre ? Ce serait un honneur dont vous n'êtes pas digne. LA VOIX.
Ceux dont l'ambition a dévoré la vie,Et qui sur cette terre ont cherché la grandeur,Ceux-là, dans leur orgueil, se sont fait un honneurDe mépriser l'amour et sa douce folie.Ceux qui, loin des regards, sans plainte et sans désirs,
Sont morts silencieux sur le corps d'une femme,Ô jeune montagnard, ceux-là, du fond de l'âme,Ont méprisé la gloire et ses tristes plaisirs. Pourtant le vieil HerculeSortit un jour des eaux ; - l'athlète colossal
Fut élevé dans l'air à côté de son ombre,Et le marbre insensé tomba du piédestal.Frank renaît : ce n'est plus cet homme au regard sombre,Au front blême, au coeur dur, et dont l'oisivetéLaissait sur ses talons traîner sa pauvreté. J'illumine la ville.J'en aurai le plaisir, en m'en allant ce soir,De la voir de plus loin, s'il me plaît de la voir. STRANIO.
Chien, lève-toi plus vite, ou reste sur la place.
De tous les fils secrets qui font mouvoir la vie,Ô toi, le plus subtil et le plus merveilleux ! Tous deux y sont montés, mais un seul redescend.- Ô mondes, ô Saturne, immobiles étoiles,Magnifique univers, en est-ce ainsi partout ? Est-ce ici la maison de votre capitaine ? Je ne fais pas ici de folie inutile :Ceux qui m'ont accusé de paresse et d'orgueilOnt dit la vérité. Ne m'avez-vous pas dit d'aller chercher fortune ? Ne te retourne pas ! FRANK.
Attends que je me lève, et prends garde à tes pas. FRANK.
Va toujours, mon enfant, je ne ris pas de toi. FRANK.
Qui ? J'y vais. - Vous l'avez dit, vous qui n'en feriez rien ;Moi, je le fais, - je pars. FRANK.
Vous parlez de grandeur, et vous parlez de gloire.Aurai-je des trésors ? FRANK.
Vingt ans. FRANK.
Le Tyrol. FRANK.
Tout beau, l'homme à cheval, tu ne passeras pas.Dégaine-moi ton sabre, ou c'est fait de ta vie. La plaine est solitaire.Qu'as-tu fait de tes chiens, imprudent montagnard ?
FRANK.
Bonsoir, Déidamia, qu'as-tu fait de ta mère ? FRANK.
Oui, certes, et me voilà. LES TYROLIENS.
Oui, oui, nous l'attestons, Frank est un misérable. Frank rencontre une jeune fille. BELCOLORE.
Dors, ô pâle jeune homme, épargne ta faiblesse.Pose jusqu'à demain ton coeur sur ta maîtresse ;La force t'abandonne, et le jour va venir.Carlo, tes beaux yeux bleus sont las, - tu vas dormir. LA VOIX.
Alors, lève-toi donc, car ton jour est venu. Le coeur d'un homme vierge est un vase profond :Lorsque la première eau qu'on y verse est impure,La mer y passerait sans laver la souillure ;
Car l'abîme est immense, et la tache est au fond. Son coeur est à son amie,Son bras est à sa patrie,Et sa tête à l'empereur. Sa mère est ma voisine ;J'ai vu cette enfant-là grandir et se former.Pauvre, innocente fille ! LA VOIX.
Voici l'heure où, le coeur libre d'inquiétude,
Tu te levais jadis pour reprendre l'étude,Tes pensers de la veille et tes travaux du jour.Seul, poursuivant tout bas tes chimères d'amour,Tu gagnais lentement la maison solitaireOù ta Déidamia veillait près de sa mère. Tout cela, c'est à moi ; - les sphères et les mondes
Danseront un millier de valses et de rondes,Avant qu'un coup semblable ait lieu sous le soleil.Ah !
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